IV-LES TECHNIQUES DE FABRICATION DU GOUDRON  d’ORIGINE VEGETALE EN EUROPE

 

 

 

Robert AUFAN, 56 bd du Pyla, 33260 La Teste de Buch (France) est seul titulaire de l'intégralité des droits d'utilisation et d'exploitation des textes et des  documents personnels (schémas, cartes, photographies…) utilisés sur ce site. Ces fonds sont exclusivement réservés à un usage non commercial. Toute utilisation à des fins d'édition est donc rigoureusement interdite.

En tout état de cause, toute diffusion des documents devra comporter l’indication d’origine.

 

 

 

En I990, parallèlement à la publication des « Techniques de fabrication artisanale des poix, brais et goudrons d’origine végétale, de l’époque gallo-romaine à nos jours, en Buch, Born et Marensin [1] fut réalisée une exposition toujours disponible.2[2]



Nous y montrions que  les traces les plus anciennes de l’utilisation du goudron (attestées ailleurs depuis les époques préhistoriques) dataient, dans le massif landais, de l’antiquité gallo-romaine (Audenge, Sanguinet) et que son utilisation y avait perduré jusqu’à  l’apparition, au XIX° siècle, des produits d’origine pétrolière, voire, en certains endroits jusque dans les années cinquante (Belin, Mimizan).

Dans ce massif, c’était évidemment le pin qui fournissait la matière première mais la variété des produits obtenus à partir du pin maritime était telle qu’une clarification préalable s’était avérée indispensable. 

C’était le but d’un tableau qui inventoriait les techniques de production utilisées dans nos régions au XVIII° siècle, il est  reproduit dans cet article mais divisé en deux parties : l’une consacrée aux produits issus du pin vif et donc du gemmage qui est annexée au chapitre III, l’autre à ceux issus du pin mort, les différentes variétés de goudrons, qui est reproduit ci après (N°1)

 

 

 

Ces tableaux des dérivés du bois « gascon » pourraient être utilement transposés dans d’autres régions linguistiques où le vocabulaire change.

Depuis la parution de cet ouvrage, j’ai maintenu les contacts avec les groupes de chercheurs extérieurs à la région, en France et en Europe, ce qui a permis d’élargir le champ des études et de faire des comparaisons très intéressantes. C’est donc un condensé de ces résultats que je propose dans cette seconde partie.

En ce qui concerne  les techniques de production des goudrons en Europe, il faut noter que les recherches ont été beaucoup plus développées dans les pays d’Europe centrale et du nord que chez nous. A titre d’exemple, lors du 1° Congrès International sur les « goudrons de bois »[3] organisé en Pologne en 1993, sur 37 communications, il n’y en avait que deux françaises une qui émanait d’une équipe provençale 4 [4]et la mienne. Autre exemple, lors du Colloque « Bois et marine » organisé en 1998 par le Groupe d’Histoire des Forêts françaises, il ne fut pas questions de ces produits pourtant indispensables aux coques et aux cordages.

En effet les recherches françaises ont été jusqu’à présent très ponctuelles et si des travaux systématiques ont été menés dans certaines régions pour recenser les vestiges (Provence) pour reconstituer des fours et produire expérimentalement de la poix ou pour mener des études poussées sur l’utilisation et la commercialisation (Forez et Livradois)[5], ils ne sont pas encore assez généralisés pour qu’une synthèse nationale puisse être entreprise. C’est donc à la poursuite des inventaires de terrain et des recherches d’archives que j’invite les chercheurs d’autres régions. Je dois signaler à ce sujet la parution récente d’un article de mon ami Serge Barrau sur les fours à goudron dits, hournots, du Pays de Born dans les Landes. (Bulletin N°478 de la Société de Borda-Dax)

Il est assez dommage à ce sujet que les nombreuses reconstitutions de bateaux anciens, menées depuis quelques années, aient négligé l’utilisation de ces produits qui ont pourtant fait leurs preuves depuis les temps les plus reculés et dont les techniques de production sont désormais bien connues.

J’ai regroupé dans le tableau N°2 les techniques qui, au fil des âges, ont été utilisées en Europe.

Pour les périodes les plus anciennes nous n’avons trace que de l’utilisation (la nacelle du jeune Moïse, enduite de « poix et de bitume », les pointes de flèches ou les poignards préhistoriques fixés à leurs supports de bois avec du goudron...) mais nous ne savons pas comment ces produits étaient obtenus. Par contre à partir de l’Antiquité, les témoignages contemporains, complétés par les fouilles archéologiques, apportent désormais plus de certitudes que d’hypothèses.

                      

                  Les techniques de fabrication de goudrons d’origine végétale en Europe. (R.Aufan)

 ------------------------------------------------------

Trois grandes techniques furent utilisées: la combustion en vase clos avec feu externe, la combustion incomplète per descensum sur des aires carrelées et la combustion avec feu intérieur en vase clos.

 

A/ La combustion en vase clos avec feu  extérieur.

 

Cette technique consiste à remplir de bois très résineux, apte à rendre du goudron, un « récipient » et à le chauffer à l’extérieur par un feu violent. La chaleur fait exsuder le bois de son goudron qui s’évacue ensuite dans un récipient inférieur (dans le cas des jarres) ou extérieur (dans celui des fours bâtis). Elle fut décrite par Pline dans le chapitre XXXV de son « Histoire naturelle ».

 

 Document 3 : Dolium des Causses      (dessin F.Thierry d’après Louis Balsan et Erasme Loir)

 

Attestée dans l’Antiquité romaine en Haute Loire et dans les Causses du sud du Massif Central 6[6], on retrouve la technique des jarres superposées en Pologne, au Moyen Age. Dans les « brulâdes » des Causses, c’est le terme local pour désigner les ateliers de production (picaria), la technique utilisée consistait à enterrer une jarre réceptacle et à renverser au-dessus d’elle une jarre de combustion remplie de bois. Ces jarres étaient de petites dimensions, pas plus d’un mètre de haut. Les deux ouvertures étaient « collées » l’une à l’autre à l’argile et une claie de tiges entrecroisées empêchait le charbon de bois et les autres impuretés de tomber avec le goudron dans le réceptacle inférieur. Un feu était ensuite allumé autour de la jarre supérieure. Les gaz de combustion s’échappaient par un trou percé dans le fond de la jarre supérieure, tandis qu’un autre trou dans le fond de la jarre enterrée permettait l’évacuation de l’eau qui, la jarre enterrée restant froide, se condensait sur ses parois. Après refroidissement de la jarre supérieure, celle-ci était retournée et vidée du charbon de bois tandis que le goudron contenu dans la jarre inférieure, qui restait en place pour d’autres opérations, était vidé à l’aide vraisemblablement d’une louche.-

Les variantes médiévales polonaises et allemandes  ne renversaient pas la jarre supérieure dont le fond était percé de trous facilitant la sortie du goudron (doc.4). La température portée à 700° dans la jarre supérieure, descendait à 70° dans la jarre- réceptacle. Les reconstitutions menées dans les deux pays montrent que le rendement était faible, (10 % de goudron en Pologne), les opérations complexes et les pertes importantes car vraisemblablement les  jarres supérieures ne pouvaient être utilisées qu’une fois.

 

                                                                                                              Document 4 : Reconstitution de jarres utilisées en Pologne au Moyen-âge

  Doc. 5 : Fours en Allemagne XVII° et XVIII° (Dessins :R.Aufan d’après A.Kurzweil)                                                                       

 

C’est pour cela qu’en Allemagne et Bohême, dès le Moyen Age, puis en Pologne, au XVIII°, la même technique de combustion est conservée mais dans fours bâtis beaucoup plus résistants à la chaleur et donc réutilisables. Le nombre et la taille des vestiges découverts incitent d’ailleurs à penser qu’on passe d’un artisanat local à une véritable industrie.

 

 

 B/ La combustion incomplète « per descensum » sur des aires carrelées. 

 

Elle est, pour l’antiquité, contemporaine de la précédente puisqu’on en a trouvé des vestiges en Alsace (dans cette région des recherches seraient d’ailleurs les bienvenues ; j’y ai en effet retrouvé l’emplacement du four ci-dessous, mais personne dans les milieux culturels locaux n’en avait apparemment gardé le souvenir) 7[7].[8]

 

Selon le Dr Ulrich, l’aire de combustion en forme de cuvette était sensiblement circulaire, large de 2,20 mètres et profonde de 0, 35, elle était revêtue d’un dallage de briques et de quelques pierres calcaires jointoyées d’argile.

 

                                Document 6 Oberbronn : le four gallo-romain  Dessin : F. Thierry d’après Dr Ulrich (Cahiers d’Archéologie et d’Histoire d’Alsace-1939)  

                                                         

  Le bois accumulé sur l’aire était recouvert d’une couche de terre, de branchages et d’argile et le feu était mis aux différents lits de bois par des ouvertures qui étaient ensuite rebouchées. Le goudron devait s’écouler par une canalisation qui n’a pas été retrouvée

                                                                                 

Au Moyen Age, cette technique fut utilisée dans les pays scandinaves (elle y perdure jusqu’au XX° siècle). J’en ai retrouvé la trace au Norsbotten Muséum, écomusée consacré à l’exploitation du bois, situé à Storforsen, dans le nord de la Suède. Les renseignements concernant cette fabrication m’ont été aimablement communiqués par son directeur M.Adolf Öman.                                                                                                      

     

  

Storforsen : vue générale de l’aire de combustion en dessous de laquelle  était aménagée l’aire de réception  (photos.R.Aufan)                                                  

 

 

L’aire carrelée, creusée en forme de cône renversé dans un mamelon, avait 6 mètres de diamètre sur 1,20 de profondeur L’orifice central par ou s’évacuait le goudron était occupé par un entonnoir métallique de 50 centimètres sur 10. Sur un quart de sa circonférence la sole reposait sur une charpente en bois sous laquelle était disposé un arbre à demi évidé, gouttière amovible par où s’écoulait le goudron. Ce système était gros consommateur de bois, essentiellement des souches de sapin âgées de 15 à 20 ans. Fendues au cours de l’hiver, elles étaient découpées en mars/avril puis taillées en bûchettes de 30 à 50 centimètres au mois de mai tandis qu’on préparait de grosses tranches de tourbe.

Un piquet planté au centre de la cuvette était tapissée de lanières d’écorce de sapin, la présure, qui avaient été prélevées au moment où ceux-ci produisaient le plus de sève. Ensuite on disposait à partir du centre en rayons de soleil des couches de bois sur une hauteur de 40 centimètres. Puis le piquet enlevé, on continuait sur une même épaisseur en mettant au sommet les morceaux de souche les plus riches en goudron. On habillait la « colline » de plaques de tourbe, la terre vers l’extérieur, en laissant une bande libre de 2 centimètres au ras du sol et une ouverture au sommet. Le feu était mis au ras du sol et quand il était pris la bande de mise à feu était, elle aussi, recouverte de tourbe, il se propageait à l’intérieur remontait dans la cheminée centrale jusqu’à la fenêtre supérieur qui était alors bouchée et redescendait à l’intérieur de la meule guidé par la disposition des bois longs. Le goudron sous l’action de la chaleur dégouttait dans le sens des fibres puis, passant par la présure, arrivait dans l’orifice central et de là par l’arbre évidé en gouttière, dans une barrique de 125 litres.

Cette technique fut réintroduite en France, par des « faiseurs de goudron » suédois, appelés par Colbert, au XVII siècle. Son cousin, Colbert du Terron, Intendant de la Marine à Rochefort accompagné de Joseph Lombard, Commissaire de la marine à Bordeaux, créèrent la « Manufacture Royale de goudron des Landes ». Ce sont deux suédois, Peter Ericson (décédé à Linxe en 1664) et son valet Hendrick Joos, qui construisirent, en Juin 1663, le premier  « four suédois » dans la forêt de La Teste. La technique fut ensuite enseignée par un autre suédois, Elias Alh (disparu en 1671) dans toutes les forêts des Landes où 195 installations furent recensées en 1672. Etant donné le succès de cette manufacture, d’autres tentatives furent menées en France sous la direction d’Elias Alh, nommé Inspecteur des faiseurs de goudron pour l’ensemble du royaume, qui se rendit en Auvergne (La Chaise Dieu…) et en Provence (où son valet créa la Manufacture Royale de Vidauban). Colbert mobilisant tous les responsables des régions où poussaient des conifères, d’autres tentatives furent menées en Dauphiné (Guillestre…) où des recherches sont en cours sous l’égide de la Société Géologique et Minière du Briançonnais (http://www.sgmbri.com/)

Elle fut ensuite réexportée au Québec .

L’idée d’y faire du goudron avait été émise en 1665, par l’intendant de la Nouvelle France, Jean Talon. Ce n’est qu’en 1669 que, Joseph Lombard, choisit « quatre des plus experts » brûleurs de goudron de la « Montagne d’Arcaxon » (Arcachon) pour les envoyer « à Rochefort, prendre l’embarquement pour Kebecq ».

En 1670 un maître goudronnier nommé Arnol(f) Alix accompagna Jean Talon à la baie Saint Paul où sera créée la Goudronnerie Royale destinée à alimenter la France afin qu’elle puisse se passer des « goudrons du Nord ». Cependant le coût élevé du goudron rendu en France et les rivalités entre les autorités locales condamnent, dès 1674, la manufacture. A partir de là des concessions continueront d’être données à des faiseurs de goudron mais la fabrication sera limitée aux besoins locaux. On en trouve encore en 1730 près  de Montréal, à Terrebonne, où le seigneur du cru, Louis Lepage de Saint Claire développa la fabrication du goudron.

 Il serait  cependant intéressant  d’étudier cette  fabrication canadienne de goudron car les canots d’écorce du Québec calfatés à la poix étaient utilisés par les Indiens avant l’arrivée de Jacques Cartier ; ils étaient fabriqués d’écorces cousues avec des racines d’épinette et calfatés avec de la poix issue du même arbre résineux. On ne peut donc dater la fabrication du goudron de l’arrivée des testerins (ou médocains selon les sources).  Cette technique fut utilisée au XVIII° siècle dans la région des Trois Rivières jusqu’au milieu du XX° siècle

 

Dans les Landes, la technique suédoise donna naissance à des installations appelées  « hourn de gaze » ou « hournas » (doc.7)  c’est à dire d’une charbonnière dressée sur une sole carrelée incurvée et recouverte ensuite de gazon. Les soles que nous y avons étudiées allaient de 5 à 14 mètres de diamètre.

 

                                               Document 9 : Hourn de gaze   landais 

« Baouche », Sainte Eulalie en Born (Landes)     

 (Fouille et photo : R.Aufan                                                                                                                                                                                                                                               Plan et coupe : D.Barriac et M.Trillaud

 

La technique utilisée était la même qu’en Suède : on allumait les fours de fin avril à la Saint Michel (29 Septembre), en prenant bien soin d’économiser le bois et de veiller à ce que le feu ne se communique pas à la forêt (bien moins étendue qu’en Suède car à cette époque la forêt landaise actuelle n’existait pas, au XVII°  les massifs des pays de Médoc, Buch et Born étaient circonscrits aux vielles forêts sur dunes anciennes, proches des côtes, et au voisinage des cours d’eau , seul le Marensin et le pays de Maremne portait des massifs assez importants.).

Le goudron s’écoulait par un orifice protégé, aménagé au fond de la sole, dans une canalisation en partie souterraine jusqu’à un réceptacle extérieur puis était transvasé dans des demi-barriques de 250 litres environ. Ces barriques, après contrôle de la qualité par des syndics appointés par le Roi, (à La Teste de Buch, en Gironde, à Pissos et Dax, dans les Landes) étaient marquées d’une fleur de lys. Après la combustion on récupérait le charbon de bois résiduel qui servait souvent aux forges locales. C’est pourquoi les fours étaient prolongés par un couloir de largeur importante (2 mètres) dans lequel devaient reculer les charrettes.

Ces installations, remarquables par leur taille avaient un rendement important et donc des besoins en bois élevés. C’est la raison pour laquelle, aux XVIII° et XIX° siècles, on les trouve surtout dans les régions de forêts cultivées et non dans les vieilles forêts souvent usagères comme celles de La Teste et Biscarosse où la libre disposition du bois n’existait pas. Dans le pays de Born, nous en avons recensé 17 et vers 1840, on en comptait 64 dans le seul Marensin, au sud des Landes.

 

                                                                                                                   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                                                                                                                 Quelques exemples de   dimensions en Born et Marensin

 

 

 

 

 

XVIII° siècle : Dessin de Desbiey (AM Bx Fonds Delpit MS 612)

 

                                   

 

                                                                                                  

                                                                                                                                                    

 

 

 

 

 

Au Moyen Age, en Allemagne, fut expérimentée une technique mixte où la charbonnière était installée au-dessus d'une jarre enterrée qui servait de réceptacle, mais il n'y en a, pour le moment, pas de traces ailleurs.

Il est cependant possible qu’un tel système ait été employé dans l’antiquité à Losa, actuel Sanguinet, dans les Landes. On y trouve en effet nombre de jarres qui étaient vraisemblablement enterrés et les premières analyses relevaient des traces de tourbe, ce qui renvoie au système suédois où la tourbe était utilisée

  

 

 C/ La combustion interne en vase clos.

 

La troisième technique est, dans l’état actuel des recherches, plus récente. Il s’agit de remplir de bois soit  des jarres, soit des fours et d’allumer le feu à l’intérieur. Si l’utilisation de jarres semble circonscrite aux régions méditerranéennes (permanence de traditions héritées de l’antiquité ?), celle des fours est commune à toute l’Europe. En France deux régions ont été particulièrement prospectées: la région de Haute Loire, patrie des « péjassiers ». (doc. 10) et la Provence des « pégoulières »  (doc.11).

 

Doc.10 : Le four de Leignecq (Loire) in Jean Louis Boithias «Les résiniers- péjassiers du Haut Forez et du Haut Livradois »

 

A : aire de déchargement

 

B : fourneau en entonnoir d’un diamètre maximum de 1,55m, d’une profondeur de 2 m. il était pavé de pierres taillées jointoyées à l’argile.

 

C : une ouverture à mi-hauteur est pratiquée pour réguler le tirage à l’aide de mottes de terre qui l’obstruent plus ou moins selon le résultat que l’on veut obtenir.

 

D : au fond du fourneau se trouve la« mine », c’est un orifice qui était obstrué par une bonde laquelle était après trois jours de combustion, fréquemment enlevée par les  péjassiers pour vérifier l’état de la poix. lors de la vidange du four, la bonde une fois enlevée, la poix suivait les rigoles tracées au sol, « les carneaux », et se dirigeait vers le réceptacle (D) qui est creusé dans la pierre.

 

 

 

Ce four de Leignecq a été restauré en 1989 puis remis en production expérimentale entre 1990 et 1992. Il a fait l’objet d’un reportage visible sur le site « Petruccijeanferdinand.com/Articles/leigneicq.pdf »  . La présence de nombreux fours dans cette région a donné l’idée d’un « chemin de la poix » qui a été balisé autour d’Usson en Forez. Il en est de même à Saint Juilien d’Ance, en Haute Loire

 

 

Quant aux  « pégoulières » provençales elles sont actuellement l’objet de

reconstitutions par différentes associations locales, ainsi Vidauban une installation

vient remontée. (8) Son utilisation est racontée sur le site : « www.vartv.fr html-

histoire-300 »

 

Le four de Vidauban restauré (photo André Gensel)                                  

 

Ces installations provençales correspondent aux descriptions qu’en faisait Henri Louis Duhamel Dumonceau

en 1775 dans son « Traité des arbres qui se cultivent en France ».                                                            

 

Document 12 : Provence Duhamel Dumonceau)

 

   Il parlait de grandes « cruches  dont une partie est enfoncée en terre » (ce que

 son dessin ne traduisait pas) dont la hauteur interne était de 5 pieds (1 ,62 m.),

le fond de 18 pouces (48,72cm.) et l’ouverture supérieure de 2 pieds (64,96cm.),

 la panse étant, dans sa plus grande largeur de 5 pieds (1,62m.) « car un homme

 doit y entrer avec un panier en bois ».

          

 Ces grandes jarres avaient, dans leur partie basse, un trou latéral auquel était

adapté, pour l’évacuation du goudron, un tuyau métallique en pente (en Valais

suisse, c’était un canon de fusil de gros calibre).

 

  Le bois était disposé en lits horizontaux au dessus d’une grille en fer ; le feu,

 une fois la jarre remplie, était allumé dans une cavité aménagée dans la partie supérieure,

 et l’orifice était alors fermé par des pierres plates

 

D’autres recherches  seraient à mener en Corse où l’on utilisait aussi des jarres dont la panse

 était beaucoup plus arrondie.

 

 

Un four çà goudron corse en 1819 (AN Marine GGI-27 in Y.Hamon « Industrie et proto industrie dans les Landes

de Gascogne : le gemmage du pin maritime » EHSS-Paris1985

 

 

 

 

 

 

 

Dans les Landes, nous en trouvons deux types : le hournot, répandu un peu partout, et le four traditionnel des pays de Buch et de Born.

 

Le hournot

Ce  « hournot » (doc.12)  succède au XIX°  siècle aux « hourn de gaze » lorsque se  développent les usines de distillation (à partir de 1817 en Gironde et de 1826 dans  les Landes).

Dans ces usines, des fours brûlaient les résidus de distillation afin d’obtenir poix et bray gras, tandis que parallèlement s’installaient un peu partout, dans les hameaux, des hournots destinés à traiter les résidus des coupes ou du gemmage.

 

Tableaux des demandes d’autorisation de distilleries de produits résineux (Archives de gironde et des landes. Séries M : installations classées.)

 

 

   

 

La comparaison de ces deux tableaux montre que dans les Landes, contrairement à ce qui se passe en Pays de Buch, il y a très peu de demandes pour des fours à goudron à l’intérieur des enceintes des usines. Une seule est en effet délivrée en 1866 à Saint Paul en Born.

L’explication tient au fait qu’à La Teste il n’y a plus, au XIX° siècle de fours isolés en forêt usagère, quant aux semis domaniaux ils sont trop jeunes pour être exploités pour le goudron. Les archives témoignent d’ailleurs de cette évolution : en 1822, après une tempête, ce sont les résiniers qui récupèrent le bois pour en faire poix et goudron ; en 1861 les bois abattus par la tempête sont délivrés aux usagers. Il n’y a donc plus de fours en forêt ce que d’ailleurs les règlements contre les incendies interdisent. D’ailleurs la matrice cadastrale de 1849 n’en mentionne aucun.

Par contre dans les Landes il y a des hournots dans chaque « quartier », leur activité est liée aux coupes (branchages) aux défrichements (souches) ou à l’activité des usines proches. Les goudronniers leur achètent  les résidus (les griches) pour les convertir en brays de pègle puis en extraire, après recuite, des goudrons.                                          

 Ces installations voutées pouvant brûler de 10 à 15 stères de bois naissent et disparaissent au gré du marché, un peu comme les pégoulières du Var qui étaient utilisées deux ans, avant d’être, le bois étant épuisé, abandonnées puis reconstruites ailleurs.

En l’an IX (1801-2) une enquête a été effectuée sur les métiers de la forêt. [9]En ce qui concerne les fabricants de goudron, elle donne les résultats suivants :

 

Pays de Born  Parentis                 8                        Autres régions Lesperon       11

Marensin         Lit                      10                                                 Dax                 2

                         Mixe                     2                                                 Rion                6

                         Linxe                   14                                                Ondres            1

                         Vielle St Girons     2                                                 Ychoux           7

                         St Michel Escalas  3                                                 Pissos             1

                         Léon                   10                                                 Sore               3

                         Moliets                 2                                                 Escource         1

                         Castets               72                                                 Luxey              1

                         Magesc              25

                         Taller                    1

Les maires précisent, comme ceux de Bias ou Castets, que chaque  propriétaire fabrique son goudron dans son fourneau  tandis que celui de Biscarrosse dont la forêt est usagère, comme celle de la Teste de Buch, dit que « chaque résinier en fait une petite quantité au four destiné à faire le brai gras appelé pègle »                     

                                             

 

Document 12 : Hournot landais à « Louron », Mimizan (Landes)

                          (Fouilles et plan : Serge Barrau)

           

                                                                                         

 

 

                                                                                                     

  Document 13 : Hournot de « Graoux » à Belin (Gironde)            l’intérieur du hournot du Graoux                                                                                                                                                                                                                                               Fouilles : R.Aufan-F.Thierry  Coupe : D.Barracq et M.Trillaud

 

Ces hournots étaient enterrés, en utilisant le relief naturel ou bien, le plus souvent, construits  en élévation (doc.12, 13 et 14) Ils étaient de grande capacité, ainsi celui de Belin a une profondeur de 2,30 m. pour 2,58 de hauteur. Construit en briquettes réfractaires en forme de parallélogramme, les « barrots » à Mimizan, en « pain de Jacques » à Beliet, il était chargé par le haut par un orifice obstrué par une plaque de fonte. Cet orifice permettait de passer le bois  à l’ouvrier qui était à l’intérieur, puis de conduire le feu en l’entrebâillant plus ou moins. Le feu « descendait » par une cheminée qui avait été ménagée au centre du bois.

La sole était pavée de carreaux et dans le fond s’ouvrait une cuve d’évacuation qui communiquait avec le réceptacle par un tube enterré.  Au ras du bord supérieur de la sole se trouvait un tunnel d’évacuation qui servait à sortir le charbon de bois résiduel à l’aide, comme à Saint julien, d’un râteau à 5 branches. Ce tunnel était, avant la combustion, obturé par une cloison de briques lutée à l’argile.

Quand le four était bâti en terrain plat, en surélévation ce qui simplifiait les opérations, il fallait pour égaliser la pression sur les parois de la voûte, l’inscrire, comme on le préconisait déjà en 1778, dans une « cage quadrangulaire » constituée de murs en briques ou en moellons et remplie de sable, d’où leur forme caractéristique.

 

 

 

Document 14 : le hournot disparu de « Nadau » à Saint Julien en Born  (Landes)

           (Photo : R.Aufan)

 De quand datent les hournots : Felix Arnaudin situe l’apparition de ceux d’Escource vers 1830. Mais en 1778, l’Encyclopédie, à l’article « poix » précisait : « On construit avec des tuileaux et de la terre grasse un four (caractérisé par) une ouverture à son sommet et une base creusée en manière d’entonnoir fort évasée. Cette base pavée de briques communique par un canal à une auge qui se trouve en dehors du four. Ce four est inscrit dans une cage quadrangulaire formée par des poutres de pin assemblée par leurs extrémités. L’intervalle qui reste entre le four et la cage doit être bien rempli de terre. On met le feu par le trou du sommet. »

En 1755, le correspondant en Valais de Duhamel Dumonceaux avait décrit des fours bâtis en pierre de taille pour la base, en moellons et terre à four pour e 1/3 supérieur. Hauts de 3,20 mètres, larges à mi hauteur d’au moins 1,60 mètre, ils se rapprochaient plutôt des jarres en forme d’œuf de la Corse.

Tassin qui vit  dans les Landes, préconise en 1815  l’emploi de fours bavarois, portatifs, déjà expérimentés dans la forêt de Ramboullet. Cela voudrait-il dire qu’il n’y a pas de hournots ou plus simplement est-ce un système destiné à favoriser la mobilité ?

A la même époque Badeigts de La Borde décrit un four à poix avec deux ouvertures l’une par le haut pour mettre le feu, l’autre en bas, « petite porte lutée à la terre glaise » pour l’activer. (système peu pratique mais encore utilisé en 1950 à Mimizan, mais c’était une porte métallique). En sortait « une poix liquide et jaunâtre »portée ensuite à ébullition dans une chaudière où elle prenait une « couleur brun foncé » puis « jetée chaude dans des moules d’où sortent des pains d’environ 125 kg, ou dans des barils ou barriques ».

Bien que la couleur puisse correspondre à celle des premières coulées, que l’on retrouve ailleurs, la nécessité de recuire pour convertir en bray gras, que la confection de pains soit attestée dès 1733, on peut s’étonner que les autres landais contemporains  célèbres , Tassin secrétaire général de la Préfecture, Thore, médecin et naturaliste dacquois, Desbiey qui vit à Linxe, ne parlent pas de fours voûtés. Pourtant, beaucoup plus tard en 1917, l’enquête du Ministère de la guerre précise que « les usines landaises suivent une ancienne pratique consistant à établir à peu de frais un simple four en briques suivant les données en usage dans la contrée » négligeant ainsi les appareils modernes.

 

Les hourns traditionnels des forêts de La Teste (Gironde) et de Biscarrosse(Landes) d’après mes fouilles.

 

 Par contre, dans les forêts usagères de La Teste et de Biscarosse ( qui, jusqu’au XIX° siècle n’en faisaient qu’une) où la quantité de bois disponible était plus faible,[10]ont fonctionné du XVI° au  XIX° siècle des « hourns traditionnels » beaucoup plus petits destinés surtout à brûler les résidus du gemmage pour obtenir « poix », « pègle » ou « goudron de caillou ».(doc.15)

 

Hourn traditionnel (fermé).Dune du Pilat              (Photos : R.Aufan)                                      

                              Cuve de combustion du hourn du Becquet- (la Teste)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

                                                                                                                                                                                                          

Ces mamelons en pierre (garluche le plus souvent) avaient un foyer creusé dans la partie supérieure tapissé soit de briquettes (Pilat2), soit de carreaux de terre cuite (Becquet) jointoyés à l’argile. Il en était de même du réceptacle extérieur qui devait être absolument étanche. Un seul cas en diffère, celui de Vincent, à Biscarosse où le réceptacle état en bois. Au fond du foyer il y avait une petite cavité souvent carrée ou rectangulaire, parfois oblongue (Vincent) toujours pentue d’où partait une canalisation interne. Cette cavité devait être protégée afin que le charbon de bois résiduel ne l’obstrue. Ainsi au Becquet, c’était une tuile qui jouait ce rôle, par contre sur certains fours (Pilat), la canalisation partant latéralement, ce problème se posait moins.qui, à ciel ouvert, se dirigeait ensuite vers un réceptacle extérieur.

Le réceptacle extérieur, situé au sud, est placé en contrebas  à deux ou trois mètres du four. Le seul site où il n’y en avait pas se trouvait au bord d’un chemin (Becquet)  et la hauteur à laquelle se trouvait l’orifice d’évacuation de la poix, peut laisser penser à une évacuation directe dans une auge ou un baril.

Dans les autres cas, la canalisation qui mène au réceptacle se trouve sur une assise de pierres dans laquelle elle est creusée (Vincent-Pilat) à moins qu’elle ne soit constituée de tuiles renversées.

Après avoir installé le bois dans le foyer, celui-ci était recouvert d’une calotte d’argile plus ou moins mélangée de débris de tuiles ou de poteries et séparée du bois par une mince couche de sable. Ensuite, la canalisation et le réceptacle étaient recouverts de la même façon. Ces opérations terminées le feu était mis par des ouvertures latérales ou, au Pilat, par un « gueulard ». Une fois la combustion achevée, il fallait découvrir le réceptacle dont on extrayait la poix avec une louche, nettoyer le foyer du charbon de bois, stocké à côté de l’installation (Pilat) ou simplement éparpillé autour (Vincent, Mouréou, Baillons). Toutes ces opérations devaient être recommencées à chaque cuite.

       

    Doc. 19 : Le Pilat schémas de fonctionnement  (schéma et photo. R.Aufan)                                                          

Le Pilat : le gueulard latéral pour la mise à feu

 

Doc. 20 :  Hourn traditionnel de “Mouréou”-La Teste de Buch-    (Fouilles : R.Aufan et F.Thierry ; plan J.Seigne photos : R.Aufan)    

 

                                                                        Doc. 21, 22, 23 : Le hourn traditionnel de « Vincent » à Biscarrosse  (Landes) (Coupe, plan et photo : R.Aufan)                                                                                                         

                                     

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                             

Il faut aussi veiller à ce que, dans la partie enterrée du canal d’évacuation (doc.21), le goudron reste toujours bien « coulant », on fait donc pénétrer dans le canal une tige de fer rougie au feu à laquelle on imprime un mouvement de va et vient ; il faut, pour effectuer ces manœuvres, un espace dans l’axe du four. C’est pour cela que, dans ces  installations, le réceptacle est toujours désaxé par rapport au four (doc. 20 et 22 et 23)

 

 

 

Certaines de ces installations pouvaient être protégées de la pluie et des vents dominants d’ouest par un muret.                                                                                                                                     

    Muret ouest du hourn des Baillons à La Teste (Ph. R.Aufan)                                                                                                                                         Quelques exemples de dimensions relevées au cours des fouilles

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

 

 

Ces opérations longues et complexes faisaient que la production restait artisanale et domestique. Si l’on compare le temps passé à la médiocrité de la production, nous dirions que la productivité était nulle. Pourtant, si l’on compare la masse de charbon de bois résiduel trouvée au Pilat et la petitesse du foyer, on peut affirmer que ce type d’installation a fonctionné souvent.

 

Le Pilat, le four et, en arrière, la réserve de charbon de bois. (Ph R.Aufan)

 

La faiblesse de la production comparée à celle du hourn de gaze installé à Sanglarin, dans la forêt de La Teste, en 1664 est évidente. Ce dernier devait produire 12 barils de 130 Kg soit 31 quintaux pour chaque cuite de 3 jours. Autre comparaison, les rendements obtenus en 1810 et cités par Thore : 16 barriques de 6 quintaux chacune soit 96 quintaux par coulée.

Cela est confirmé par les rares témoignages concernant ces fours traditionnels : ainsi en 1666 le suédois Elias Alh dit que la capacité des goudronnières de La Teste est «  faible et médiocre ». D’ailleurs les descriptions du XVIII° siècle montrent que ces installations n’avaient pas pour but de fabriquer du goudron à partir de bois soigneusement sélectionnés mais plutôt de brûler les résidus du gemmage : galips, paillassons de filtrage(les escoubils, terre inhibée de galipot dans laquelle on avait creusé le crot…), afin d’obtenir, non du « goudron coulant » mais un produit moins raffiné appelé poix ou pègle souvent recuit dans une chaudière pour obtenir du bray gras.

Cela résulte aussi des relevés de prix pratiqués entre juillet 1757 et mars 1779 dont un relevé conservé aux AD Gironde (C 1640) distingue soigneusement les « résines, brays, pégles et goudrons » Le prix du pègle étant inférieur des 2/3 et parfois plus à celui du goudron.

Cependant il arrivait qu’on y fabrique aussi du goudron, c’est ce que confirme Desbiey en 1776 : » les goudrons de La Teste, Cazaux et Biscarrosse se fabriquent dans des fours naturellement destinés à l’extraction de la poix ou pègle dans la langue du pays et qu’ils sont trop resserrés » C’est ce qu’indique aussi le maire de Biscarrosse en 1801 , répondant à l’enquête sur les arts et Métiers de sa commune : «  chaque résinier en fait une petite quantité du four destiné à faire le goudron appelé peigle ou poix noire ».C’est ce qu’affirme encore Thore quand il évoque pour La Teste « des fourneaux de pierre destinés à produire la poix ou goudron de caillou.

Cela s’explique par le fait que dans ces forêts usagères où le pin mort était réservé aux habitants pour leur chauffage, le manque de vieux pins à consumer est évident, sauf en cas d’ouragans ou de tempêtes.

Cela explique aussi pourquoi on n’y trouve pas de « hourn de gaze » puisque Desbiey nous dit qu’ils n’étaient construits que dans le sud du Born et le Marensin, forêts libres de droits d’usage, là où nous les avons d’ailleurs retrouvés.

Cela amène aussi à se demander si les nombreux ateliers de construction navale qui existaient à La Teste en 1725 ne s’approvisionnaient pas dans les Landes dont les produits résineux étaient en grande partie exportés par le port. Le quartier de La Teste comptait alors 13 barques de 12 à 20 tonneaux, 13 chaloupes pour la pêche en mer et 800 pinasses. Tous ces bateaux devaient être « brayés » par les 22 charpentiers calfats qui travaillaient alors sur les  ports ce qui dépassait largement la capacité de production des forêts usagères locales.

Cela peut expliquer aussi la faiblesse des exportations de goudrons par le port de Bordeaux au XVI° siècle, Jacques Bernard  n’ayant relevé sur 20 ans  que 2,3 tonnes ce qui représente 46 quintaux soit l’équivalent d’une coulée et demi selon la technique suédoise.

La consommation de ces installations restait donc domestique mais elles se sont maintenues (à cause du statut usager) jusqu’à ce que les usines de distillation ne se mettent, dans leurs enceintes, à transformer les déchets du gemmage. A  partir de 1824 pour les installations autorisées, mais déjà en 1808 quand Lesca se porte acquéreur d’escoubils « pour faire du goudron ».

 

D-Fouilles et relevés archéologiques : Pays de Buch, Born et Marensin

 

 

 

       Pays de Buch                                                                                               Pays de Born                                                          Marensin

    

 

 D/ Les techniques inconnues.

 

Outre celles utilisées aux temps préhistoriques, les techniques  employées en Gironde  à Audenge-Maignan[11] et, dans les Landes,

à Sanguinet (Losa), au fond de l’étang  de Cazaux restent encore mystérieuses.

En effet les jarres très nombreuses qui y ont été retrouvées ou reconstituées ne se rattachent pas au système utilisé à la même époque

dans les Causses : la plupart semblent avoir servi pour le stockage et les quelques qui auraient pu être utilisées pour la combustion se

rapprocheraient soit du procédé utilisé en Allemagne (charbonnière au-dessus d’une jarre enterrée) soit  des techniques de Provence

 et Corse (jarres avec feu interne).

Des analyses en cours permettront peut-être de lever le mystère.

De la même façon, les vestiges relevés en 2008, à  Sabres, dans les Landes, par Didier Vignaud, sur un site du I° siècle,  ne permettent pas encore de définir la technique

(Losa à Sanguinet-40                             Fouilles de Laste à Sabres. Site de production ?                                     Fragment de dolium      (Maignan1974-  F.Thierry    )                                                    

Jarres enduites de brai                                   Didier  Vignaud.Archéolandes.2008)                                                                

    

    

 

                                                                                                                                                                                

                                                                                                               

                                                                                                                                                   Site lié à la fabrication de la poix(Maignan –Luc Wozny2009)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              

 

  D’autres régions françaises ont aussi connu ce genre de fabrication ainsi le Vercors dont les fours à poix, qui restent à étudier, furent à l’origine des établissements de bains situés à Die , mais aussi le Jura où, dès le Moyen Age, de la poix était produite ou encore les Vosges, à Lizey, dont les habitants fabriquaient la poix. Au Maghreb aussi  cette activité forestière était importante, souvent au détriment des massifs surexploités comme les forêts de Bou Saada en Algérie.

Partout où il y avait des résineux il devait y avoir des fours ; reste à les trouver (la toponymie aide souvent), les dater (par les archives notariales ou l’archéologie), en étudier la production et surtout sa commercialisation et pourquoi pas les remettre en route au moins symboliquement comme c’est le cas à Leignecq ou tout au moins les consolider comme cela vient d’être fait à Vidauban dans le Var.

 

C’est à quoi j’invite tous ceux que le sujet peut intéresser et me tiens à leur disposition pour tous renseignements complémentaires.

                    

 

NOTES



 

 

 

 

[2] -Edité par la Société Historique d’Arcachon mais épuisé, ce livre se trouve dans les principales bibliothèques. Les documents N° 1, 4, 7,10, 11 et 15 sont tirés de cet ouvrage.

[2]2 Pour se la procurer contacter la SHAA, centre Socioculturel, 51 Cours Tartas, 33120 ARCACHON.

[3] [3] 3Les actes du  Colloque « Proceedings of the First International Symposium on Wood Tar and Pitch » ont été publiés par le State Archaelogical Museum, Dluga 52, 00-241 Warszawa. Les documents 2 et 3 ont été établis à partir de cet ouvrage.

[4] 4  Ada Acovitisioti - Hameau, Philippe Hameau et Thierry Rosso : « Fours à cade, fours à poix… ». Techniques et culture 1993. Voir aussi les recherches de Stéphane Esclamanti : Cahier N°8 du Groupe de Recherches Historiques en Provence.1996 et les travaux de l’association « Vieilles pierres de Provence » qui reconstitue des fours.

5 Jean Louis Boithias : « Les résiniers péjassiers du Haut Forez et du Haut Livradois » chez l’auteur Le Petit Vimal, 63600 Ambert. 55 F

6 Erasme Loir : « L’industrie de la résine dans les causses à l’époque gallo-romaine ». Thèse de pharmacie, Montpellier, 1940.

                                      Voir aussi : A.Soutou : « L’atelier de résiniers gallo-romain du Puech Marque ». Pallas VIII, 1959  et R.Gourdelle: « Exploitation de résine d’époque gallo-romaine », Archéologie en Languedoc, 1980.

                                     Une étude plus récente  a été effectuée par Alain Trintignac (Revue Archéologique de Picardie -2003) On la trouve sur internet sous le tire « Persée. La production de poix dans la cité des Gabales(Lozère) à l’époque gallo-romaine ».

7La seule recherche connue est celle du Dr Ulrich : « Le four gallo-romain d’Oberbrönn » Cahiers d’Archéologie et d’Histoire d’Alsace, 1939. Le site  existe toujours, j’y suis allé il y a quelques années, mais les contacts que j’ai pu avoir sur place prouvaient qu’il était totalement oublié.

8 André Gensel « Vidauban : restauration de la péguière des Preires » Bulletin N°6-2004 de l’Association pour la Sauvegarde du Patrimoine en Pierre Sèche du Var.

9 Le statut de ces forêts ne permettait l’utilisation de grandes quantités de bois qu’après des sinistres (tempêtes…) puisqu’en temps normal, « l’ayant pins » ne jouissait que de la gemme, l’arbre étant réservé aux habitants pour leurs usages. Mais le port recevait beaucoup de produits résineux des autres forêts landaises.

10 Les prospections effectuées par François Thierry à partir de 1974  ont été amplifiées par une fouille préventive menées par Luc Wozny en 2009. D’importantes quantités de dolia, malheureusement brisés, ont été découverts. Mais aucune trace d’installation  de production n’a été découverte, peut-être s’agissait-il d’un entrepôt…Voir les sites « inrap.fr-archéologie-preventive-Sites-archéologiques-p-2795-Maignan-Audenge » et « Centre de recherches archéologiques sur les Landes »

 

                                                                             Robert AUFAN (Février 2004 mise à jour : Mai 2010).

 

[5]

[6]

[7]

[8]